« Chaque matin que je sors de la maison, puis que je m’en vais à l’étable, je vois souvent des beaux portraits. C’est un portrait brumeux, mais la plupart du temps c’est le soleil, le lever du soleil. Quand je sors de la maison, le soleil je l’ai dans la face, puis c’est souvent très beau. Puis, cette photo elle me dit, « regarde, c’est même pas un paysage de… c’est pas un soleil, il fait pas 35 degrés, c’est brumeux, c’est grisaille un peu, mais c’est beau quand même ». Je suis chanceux de pouvoir voir ces panoramas-là, puis les vivre, puis les sentir , puis pouvoir m’arrêter, puis les prendre en photo. »

« Cette photo transpire le calme et la zénitude.  Elle me dit d’être fort et calme en même temps, d’être en équilibre. »

« Dans cette photo, je vois le soleil comme le verre à moitié plein. La brume, c’est comme le verre à moitié vide. Ce qui m’a attiré en partant c’est le soleil, c’est pas la brume. Puis, le soleil je le sais, il va prendre le dessus. La journée va avancer, la brume va se dissiper. Ça me dit que c’est important d’apprécier les petits moments comme ça, comme j’ai la chance de le faire à tous les matins pratiquement. »

« Le bonheur c’est pas grand-chose, puis je me souviens quand je suis sorti dehors, puis que je l’ai pris cette photo-là, j’étais comme en pâmoison. J’étais comme « tabarouette c’est vraiment beau ». Puis c’était zen, il n’y avait pas un bruit, pas d’auto, rien. On est chanceux. Je me trouve chanceux de vivre ça. »


« C’est une photo de la tournée que je prends au coucher de soleil. Je travaille toute la journée, mais après ça je fais le tour de mes champs et c’est un beau moment. J’aime le contact avec le vivant, c’est mes racines, elles sont fortes et c’est ma fierté. »


« Les levers de soleil, c’est un moment où je m’arrête et je prends le temps de savourer le calme du moment, d’apprécier la solitude, la chaleur de la lumière, l’éclat des couleurs. Il n’y a personne qui me dérange, le téléphone ne sonne pas, c’est un moment de zénitude avant le début de la frénésie de la journée. »

« D’habitude je suis seul, mais quand mon ami travaillait avec moi, on arrivait 15 minutes plus tôt, on prenait notre café, puis on attendait que le soleil se lève. On jasait 15 minutes avant de commencer. Pour moi, ça a toujours été des beaux moments. »


« Je suis un homme près de la nature. Même si le tracteur est une machinerie, il me permet de travailler la terre et d’accomplir des travaux plus difficiles pour moi. J’aime aller dans les champs, travailler le terrain, l’améliorer, voir les levés et les couchers de soleil…  Tant et aussi longtemps que je vais en être capable, je veux continuer à travailler avec mes tracteurs et la terre. Pour moi, c’est un sentiment de liberté et d’indépendance.  Le fait que ce n’est jamais une routine, à chaque jour c’est différent, ça aussi c’est du bien-être. »


« Prendre le temps pour moi quand je suis dehors, de sentir les graminées, sentir les fleurs, écouter les insectes qui bourdonnent, sentir le vent à la chaleur du soleil, prendre le temps… Des moments de contemplation, de regarder autour de moi quand je travaille, ça m’apporte beaucoup de paix, de tranquillité. »

« J’ai quitté des emplois en ville justement parce que je voulais changer de mode de vie, je voulais être capable de me ressourcer, tout ça, puis des fois avec toutes les tâches, avec toute la pression de la ferme, on dirait que je l’oublie. Fait que c’est un rappel qui est toujours omniprésent quand je suis dehors justement, de prendre le temps. »

« Je tire un grand sentiment d’apaisement par l’omniprésence de la nature et par la tranquillité dans mon environnement de vie. J’aime prendre le temps de contempler la beauté qui m’entoure pour diminuer ma perception du stress causé par les tracas quotidiens. »


« Quand je suis dans les champs, c’est mon lieu de bonheur. À ce moment-là, je me suis sentie extrêmement puissant. J’avais l’impression que… pendant quelques secondes, je contrôlais tout l’univers. J’étais sur le sol, l’herbe était verte, les nuages… J’avais l’impression de rassembler les nuages. C’était une sensation tellement agréable. Ce sentiment surgit quand je suis dans les champs, en travaillant avec les animaux et en étant bien ancré à la terre. »


« Cette photo démontre ce qui est pour moi le plus beau moment de l’année, c’est-à-dire les semences. Ça me touche beaucoup ce contact-là avec le sol, c’est le début de la saison, devant nous il y a comme plein de promesses. Tout est beau je trouve au printemps. La terre est sèche, les feuilles commencent à sortir, le gazon avec un beau petit vert tendre. Je suis tellement attaché à nos terres, puis à mon mode de vie. Pour moi la terre aussi ça a un lien familial dans le sens que je suis la 4e génération. »


« Mon père quand il refaisait un bâtiment c’était le toit vert, puis les murs blancs. Moi, pour faire différent un peu, j’ajoute une ligne verte au centre [des murs]. C’est psychologique, c’est dans ma tête, mais c’est une ligne d’espoir, c’est une ligne de temps que j’ajoute à tous mes nouveaux bâtiments. Tous les petits bouts que je fais, c’est… [pause émotive] Je ne l’ai pas toujours eu facile avec ma conjointe [hésitation]. Cette ligne représente l’espoir. On va s’en sortir un jour, tout le monde ensemble, puis on va réussir, puis justement, ce mur-là, toutes ces années-là qui ont pas été faciles, bien ça va être en arrière de nous autres, puis on va ré-avoir plus de plaisir à travailler tout le monde ensemble. »


« Cette photo représente le retour du bonheur pour moi. Pendant cinq ans, j’ai traversé un conflit administratif avec une organisation gouvernementale en lien avec ma forêt. Ça m’a fait perdre confiance en mes connaissances et envers les gens qui m’entouraient. Je n’avais plus envie de me promener en forêt, alors que c’est ce que j’ai fait toute ma jeunesse, marcher en forêt et identifier les espèces d’arbres. J’ai fini par avoir gain de cause, mais ma confiance a été fragilisée. Aujourd’hui, avec le temps, l’homme que j’étais est revenu, je fais confiance à mon jugement, mais je suis quand même plus méfiant. »


« C’est un peu ma façon de gérer, je suis du genre à plier. Je me considère comme quelqu’un qui résout les problèmes, si une chicane éclate, j’aime ça calmer les choses et parler aux deux parties. Je suis heureux quand je peux rendre les gens heureux. Je pense que plus je vieillis, plus j’accepte que je suis… que je suis plus souple et que je suis pas celui qui impose ou résiste, que je suis celui qui trouve un chemin plus facile. »

Je suis un arbre qui plie

Je suis un arbre qui grandit avec le vent

Pas celui qui se bat contre

Je suis trop éteint pour ça.

Ça ne fait pas de moi un faible

Mais ça m’inquiète quand même

Le monde ne voit qu’un érable

Mais moi… je me vois.